Pourquoi le Big boss chez Mac Donalds a-t-il été licencié ?


Analyse, vie au travail / lundi, novembre 18th, 2019

La communication officielle de l’enseigne de fast food fait état d’une relation « consentie » entre Steve Easterbrook, le PDG de la société et un.e salariée, qui aurait malgré son caractère consenti pour conséquences 1) la violation du règlement intérieur et 2) le départ du PDG. Qu’en penser ?

A lire cette information, même dans l’ère post #metoo, nombreuses sont les voix qui se sont gaussées en France : une vieille habitude que l’on a de trouver que l’herbe est toujours plus ridicule ailleurs, et que l’Amérique n’aurait pas beaucoup évolué depuis la Lettre Écarlate.
Cependant, ne rions pas vraiment, car au final, pourquoi 42 % des entreprises américaines ont intégré à leur règlement intérieur la suppression des relations entre collègues ?
La réponse se trouve très simplement dans le fait que la conscience des rapports de domination est bien plus conscientisée aux Etats-Unis qu’en France, où l’on parle parfois de galanterie pour qualifier une forme de coercition, un rapport de domination, bref, des éléments d’une relation sur le lieu de travail qualifiables pénalement et absolument pas de l’ordre du vaudeville à la française ou du soap américain.

Est-ce la pudibonderie qui a motivé la décision RH de Mac Donalds ? Pas tout à fait, voire pas du tout : le PDG est limogé parce qu’il s’agit du PDG, qu’il est membre de la direction, qu’il a le Pouvoir. Et que le rapport de séduction a pu être biaisé. En effet, le consentement peut être vicié si la personne qui sollicite l’autre est en position de domination, manager, directeur, voire PDG évidemment. A ce stade, la personne aura souvent du mal à dire non de manière expresse à une demande, même si elle sort légèrement du cadre, voire complètement.

Outre Atlantique, sans que cela soit systématique, on accepte plus souvent, notamment dans la jurisprudence, le fait que la victime de violences ou de harcèlement ne soit pas la victime parfaite, celle qui s’indigne, qui crie et connait bien les procédures juridiques.
La victime peut se sentir obligée mais se taire, voire même par un mécanisme de protection dire qu’elle est consentante, alors qu’elle ne l’a pas été. Mais attention, elle peut un jour réaliser ce qui lui arrive et dans ce cas là, attention : un risque de harcèlement s’il est reconnu, aurait pour conséquences de fortes indemnités (on ne badine pas avec les dommages et intérêts outre Atlantique).

En conséquence, cette interdiction d’avoir des relations entre collègues se veut une prévention du risque de vice du consentement dans un espace propice aux rencontres, mais également une prévention à l’exercice de formes de coercition. Cela n’empêche pas le risque, mais c’est une forme de prévention qui peut dissuader dans l’environnement professionnel.

En France, nous sommes loin de cette culture : si 2/3 des salarié.e.s indiquent avoir déjà eu une relation sur leur lieu de travail, le harcèlement sexuel au travail implique plus souvent en France une démission de la part du / de la salarié.e qui le subit.

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