Les formations au dépistage du harcèlement continuent en ligne


ateliers et formation, formation en ligne / jeudi, octobre 29th, 2020

Couvre-feu, confinement, plus rien n’arrête les apprenants : alors que les mesures drastiques tombent sur écoles et sites accueillant du public, les formations dispensées par DAMES OISEAUX continuent, avec pour objectif l’intégration des diagnostics et protocoles dans près de 50 établissements.

Certes, il faut des ajustements, pas toujours faciles, quand on passe de façon inopinée en formation en ligne, alors que l’on avait prévu des ateliers, des cas pratiques, du mouvement… Sans compter que vous en êtes bien conscients, on rit beaucoup moins sur Zoom ou Blackboard que si on se pousse du coude en ricanant quand on s’ennuie en formation, ou que la formatrice raconte quelque chose qui vous dérange.

Certaines formations restent en suspens, car les publics qui reçoivent ses formations au dépistage des violences sexistes et sexuelles travaillent dans des secteurs variés, et que tout le monde ne peut rester une demi voire une journée entière assise !

Mais beaucoup arrivent à prendre leur mal en patience, et contre la promesse d’une pause thé ou café dans sa cuisine en milieu de matinée, nous continuons donc bravement, semaine après semaine, à enchaîner les formations dans de nombreux établissements.

En tête, les collectivités, mais également les réseaux d’écoles : art, commerce, gestion, cinéma, cuisine… Tout l’enseignement supérieur se bouscule, et doit repenser parfois son fonctionnement en combinant le covid ET le thème du jour de la prévention contre les violences et le harcèlement. Car bien sûr, le cyberharcèlement vit sa plus belle vie sous la pandémie : combien d’élèves sont rassemblés dans des groupes en ligne et objet de discriminations ? Ces groupes ne sont pas sous la surveillance des enseignants, mais ce sont des groupes que ces derniers encouragent à créer pour l’entraide pendant l’éloignement des bancs des facultés notamment.

Quid des étudiants, et étudiantes, victimes de propos sexistes, racistes, homophobes, transphobes, dans ces périodes où l’isolement, première pierre de tout schéma de violence, est une réalité pour beaucoup d’étudiants ? Beaucoup de responsables éducatifs s’arrachent les cheveux :

« Que faire quand les élèves se voient en petit groupe pour travailler et que des violences ont lieu hors les murs ou hors horaires ? Et quid des soirées étudiantes qui ne sont pas officielles puisque les soirées officielles sont annulées, mais qui peuvent générer des signalements ? Quelle est notre marge d’action ? Où s’arrête notre responsabilité ? »

(Enseignant, un sale métier en 2020)

Sans même parler de la gestion covidienne de l’enseignement supérieur, les sujets qui dérangent dans ces formations ne manquent pas, lorsque l’on parle d’égalité professionnelle ou de prévention !

Déjà, rappeler la loi est en soi une épreuve, surtout lorsque la formatrice rappelle qu’insulter les gens, c’est illégal, ou que Jean-Bernard du bureau des stages devrait arrêter d’enchaînr les « ma jolie » et »ma petite », car son équipe s’en passera volontiers, suuuuuuuuurtout s’il y a un caractère répétitif.

Mais ces formations nécessitent de parler de sujets bien plus durs, souvent, comme les stratégies d’impunité, les trajectoires de violence, l’écoute à avoir de la personne victime de violence, qui ouvrent souvent des vannes, en direct ou en différé.

J’ai toujours beaucoup de plaisir à animer des formations sur ce sujet, parce qu’il est utile, parce que le retour de beaucoup de personnes en sortant ou en privé, par mail est « j’ai beaucoup appris, merci », que je reçois parfois des demandes de compléments, la mise en place d’audits, ou tout simplement, le mail d’une apprenante qui me dit qu’enfin elle a réussi à recadrer un échange qui dérapait, et qu’elle a l’impression d’être une guerrière-de-bureau avec cette petite victoire (moi, je ne sais pas vous, mais cela me ravit).

Parfois, je reçois un mail peu amène, qui rejette les contenus de la formation, reproche à l’employeur de lui avoir imposé ces sujets de formation (spoil : non, c’est la loi car dans les objectifs de formation dans l’apprentissage depuis 2018 / intégré aux diagnostics égalité professionnelles dans les entreprises de plus de 50 salariées) et trouve au choix que le contenu est inutile / trop dense / trop, trop, toujours trop. Ce qui doit parfois être pris en compte. Cependant, si vous maitrisez un peu votre catéchisme de la résistance critique, vous savez que cela révèle plus de la personne qui critique que de l’objet de son courroux : il faut savoir entendre un sentiment de culpabilité à l’idée d’être déjà fait avoir, d’avoir eu des comportements inadéquats, à l’idée qu’il y a tant de notions qui viennent d’être connectées ensemble, et tant à faire à partir de ce jour pour changer ces habitudes, en tant qu’homme ou en tant que femme.

Même retours à l’observation des questionnaires de satisfaction : difficile de déterminer s’il faut envoyer « à chaud » ou « à froid » de tels questionnaires. Au final, sur l’instant, la densité des sujets rend l’appropriation facile, on en sort enthousiaste. Mais avec quelques jours, reste aussi dans un coin de tête certaines anecdotes, certains schémas, qui peuvent faire ressasser une vieille histoire que l’on croyait oubliée.

Dans ces cas bien précis, n’oubliez pas que vous n’êtes pas seul.es, que vous pouvez en parler à quelqu’un, à un proche, à un ami, à un médecin, qu’il existe plusieurs numéros d’appels

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