Résistance critique (feuilleton de l’été, 2) : les mots qui minimisent


Analyse / mercredi, juillet 8th, 2020

Cet été, DAMES OISEAUX vous aide à attaquer la rentrée avec combativité. La résistance critique, c’est être capable d’écarter la critique de son chemin. Pourquoi ? Car la critique est rarement constructive, il s’agit avant tout d’une projection des autres sur soi.

Se dénigrer, ou accepter d’être dénigrée, ne vous aide pas à avancer si vous avez un projet, avez lancé votre activité ou cherchez du travail.

Exemple de critiques reçues par des participantes à des formations DAMES OISEAUX

bienveillant-mon-oeil « Avec le covid, ca serait plus simple que tu arrêtes tout simplement ton entreprise, après tout c’est stressant pour toi, les enfants »

angoissé-sécurité  » si tu lances ta boîte tu vas finir sous les ponts, on te retirera ta fille »

soyez-raisonnable  » ce n’est pas le moment de demander une prime pour avoir travaillé durant toute la pandémie, vous voyez bien que 30 % des effectifs sont sur la sellette »

passif-agressif  » Mon petit-fils et moi nous sommes rapprochées depuis que tes envies de carrière, ma chère belle-fille. Bon une fois sur deux il ne te reconnait pas, mais chacune ses priorités »

méprisant « avec un CV comme le vôtre j’ai du mal à comprendre vos prétentions salariales »

médiéval « est-ce que votre conjoint accepte que vous lanciez ce projet ? »

Les mots sont importants, ceux pour vous qualifier, ceux qui vous sont renvoyés. N’oubliez pas que le regard et la mémoire d’autrui sur vous se construisent avec :

  • ce que vous dites
  • ce que vous écrivez
  • votre posture

Ce que vous dites donne une image rapide de ce que vous voyez en vous. Dans un contexte économique fragile, vous devez survivre et la survie, c’est de montrer que vous avez en vous toutes les ressources pour gérer la situation.

Que vous êtes en posture de puissance (ceci est une traduction directe de la fameuse power pose du jargon anglo-saxon, mais chez DAMES OISEAUX nous privilégions la traduction, car comme dit Hermione Granger, « nommer les choses, c’est enlever la peur qui y est attachée », et donc, n’oubliez pas qu’avoir confiance en soi, vouloir gagner en puissance, avoir envie de, avoir l’ambition de, ce ne sont pas des gros mots, ce sont des outils au service de votre émancipation économique, et donc de votre liberté.

Chikyu Sentai
Mains sur les hanches, mentons relevés, pieds parallèles : la posture de puissance chez Chikyu Sentai , copie d’écran, DR.

Nous reviendrons sur la critique extérieure, mais commençons par les mots qui nous décrivent.

EXERCICE Prenez deux minutes chrono, là tout de suite, et notez :

  • 3 choses que vous aimez à propos de votre physique
  • 3 choses que vous aimez à propos de vous-même dans la vie courante
  • 3 qualités professionnelles

Bien sûr, vous verrez vite qu’il est plus facile de se critiquer, de trouver trois choses que l’on n’aime pas chez soi. Et qu’il y a par ailleurs des qualités humaines que vous ne devez pas forcément apporter au bureau.

Un exemple : ne soyez pas celle qui nourrit tout l’open space, celle avec qui on sait que dans le tiroir, il y a toujours des cookies. Pourquoi ? Parce qu’être la maman du bureau, ce n’est pas être prise au sérieux, c’est être celle qu’on apprécie parce qu’avec elle, on a le ventre rempli. Et votre mission, ce n’est pas de plaire, c’est d’être prise au sérieux.

Oubliez donc les qualificatifs qui vous minimisent, apprenez à enlever les mots « un peu », « petit », »j’ai peur de »

Oubliez les postures physiques qui vous minimisent, apprenez à parler les épaules droite, bien dans la porte et pas cachée derrière la devanture, à parler en regardant le sol.

Quelques outils pour développer votre « posture de puissance », à l’oral ou par écrit.

NE PAS FAIREFAIRE
Vous appelez un client, un recruteur
« Bonjour, c’est Sophie
Etre appelée uniquement par votre prénom infantilise votre profil.

Souvent les interlocuteurs masculins appellent les femmes / jeunes par leur prénom, les tutoient directement…
C’est une marque inconsciente de condescendance.

Ne le faîtes pas de vous même, vous êtes moins prise au sérieux, moins « professionnelle ».
Bonjour, je m’appelle Sophie Oiseau

Votre nom est TRÈS important, plus que votre prénom. Vous êtes en situation professionnel, vous n’êtes pas là pour vous faire des amis. On ne retient pas le CV de « Sophie », mais celui de « Me Oiseau » , car vous n’êtes pas recrutée pour votre gentillesse mais bien vos compétences.
Et surtout, si vous voulez qu’on se rappelle de vous, « Sophie », il y en plein. Vous êtes une personne mais aussi une marque qui a besoin d’être martelée pour que l’on se souvienne d’elle.
Je ne sais pas
Éludez, dites que vous voyez de quoi votre interlocuteur parle,n’ayez pas l’air d’être démontée par une lacune
Ce que vous m’évoquez correspond à telle activité / situation / contenu que j’ai déjà été amenée à connaître
Votre offre sera la mienne
C’est NON direct.
En acceptant n’importe quel salaire, vous acceptez le plus petit salaire.
Ayez confiance en vous, vous méritez l’argent que vous allez demander, et si vous n’êtes pas sûre, n’oubliez pas combien est payé Donald Trump pour faire absolument n’importe quoi et rassurez-vous.
Et si l’offre n’est pas indexée par un coefficient de branche, alors vous avez un risque de variation salariale en fonction du genre.
Mémo : si vous pensez à un
chiffre, gonflez-le de 20 % .

Un recruteur ne vous refusera jamais car vous demandez trop.

Il va essayer de baisser vos prétentions salariales, notamment en étant un peu méprisant sur vos prétentions.
C’est le jeu, ne vous faites pas
déstabiliser.
Restez bien campée, montrez que si vous demandez plus que ce qu’il souhaite vous donner, c’est que vous les valez bien.
Je commence quand vous voulez.
Vous pouvez vraiment dès le lendemain, vous ne devez pas un peu organiser votre planning ? Vous ne montrez pas votre motivation, mais votre hyperdisponibilité.
Je vous propose un début de poste à telle date, telle heure.
Montrez que vous savez être force de proposition
J’espère que cela vous va ?
Ne projetez pas un besoin de plaire,
mais plutôt de la confiance.
Merci de m’indiquer si cela vous convient ?
Est-ce que c’est correct ?
Ne demandez pas de validation, on n’est pas à l’école.
Sauf retour contraire sous x
temps, je procède de telle manière
J’ai une petite question : quand commence le projet ?
Déjà enlevez le mot PETIT de toutes vos conversations
Quand commence le projet ?
Posez votre question qui est légitime : nul besoin d’introduire la demande d’occuper l’espace de parole
Je suis désolée mais je ne suis pas d’accord
Ne commencez JAMAIS vos phrases par je suis désolée, soyez directe, surtout quand il s’agit de nuancer un propos. Ne vous excusez pas d’avoir un avis différent,
Je ne suis pas d’accord.
De mon point de vue….
Personne ne peut contester votre point de vue, c’est une opinion, pas une vérité arrêtée.

N’oubliez pas, dans une situation d’entretien, un mauvais recruteur a tendance à vous minimiser. Le but : voir à la fois si vous êtes capable de gérer la critique, des situations de crise. Et vous faire douter, ce qui va lui permettre de passer la baisse de rémunération. Car en doutant, vous êtes plus encline à négocier à la baisse que lorsque vous avez confiance en vous et vos compétences. Et c’est très simple, cette technique : elle est utilisée par ces infâmes pick up artists qui aujourd’hui pullulent sur Internet et expliquent que rabaisser une femme permet ensuite de la conquérir sexuellement, car en la déstabilisant, ils créent une ouverture et un besoin de plaire qui n’est pas présent chez la personne qui se sent bien sur ses deux jambes.

Donc n’oubliez pas, quand vous parlez, ayez l’air sûre de vous. Le slogan anglo-saxon sur la confiance en soi qui revient régulièrement, c’est « fake it until you make it » : il faut prendre l’apparence de la confiance jusqu’au jour où la confiance est là. Les mains sur les hanches, les épaules droites, les pieds bien campés.

la posture de puissance.