Les semaines se suivent et se ressembleraient ? Pas tout à fait. Il semblerait qu’aux premiers jours, très bravaches, où l’on a géré de front les courses, les annulations, les petits espaces, pour certains les départs précipités (c’est bon arrêtez de culpabiliser, sauf si vous continuez de vous faire livrer des sushis sur l’île de ré) s’est succédé une période où l’on a toujours trouvé de nouvelles formes de contemplation, de travail, de connexion de solidairté.
Oui certaines et certains ont fait leur pain, animé des cours de yoga, fait des concert dans leur salon, lancé un question pour un balcon. D’autres ont écrit le prochain Goncourt (au moins), et certaines se sont d’ailleurs fait détruire, bien plus que leurs équivalents masculins, d’avoir osé parlé d’observation de la nature façon Belle au Bois Dormant, dans ces espaces animés, qui tout à coup, perdent de vitesse.
Est venu ensuite le temps de l’agacement : ces collègues mieux lotis car ils ont un jardinet, ou un balcon, ces copains seuls mais sans enfants ces veinards ! Les employeurs paniqués car c’est leur première délégation de télétravail et qu’ils ne sont pas champions de la perte de contrôle et du lâcher en cette période où nous n’avons justement pas le contrôle, ont mis une pression de dingue. Les salarié.es en chômage partiel qui font en réalité deux emplois dans des grosses entreprises qui reverseront tout de même des dividendes, les indépendant.es qui n’ont pas de ressources, et les jeunes poteuses et porteurs de projet qui clairement, ont peine à garder la tête hors de l’eau (heureusement, il y a les apéros en ligne).
Et puis il y a ces personnes au front, beaucoup, des femmes; Qui montrent cette inégalité profonde du confinement : la France tourne avec des emplois précaires, des horaires nocturnes, des emplois sous qualifiés et dont les coefficient salarial ne rsique pas d’évoluer une fois déconfinés. Malk payés, souvent dévalorisés, ils sont parfois glorifiés (tapeez-vous dans vos mains chaque soir à 20h ?) mais clairement, ils restent des variables d’ajustement de l’humeur des consommateurs. Certain.es essuient des hurlements en caisse alors qu’ils (souvent elles) n’ontt pas de protection, les membres du corps médical hospitalier se sont vus ostraciser, des jeunes, des vieux se sont retrouvés en grande précarité, les membres de la communauté LGBTQI+ se sont même vus proposer peu élégamment de quitter leur domicile. Bref, dans ce confinement, beaucoup deviennent de vilaines caricatures, et le meilleur, ça reste le son des oiseaux, à peu près la seule chose sur laquelle nous serions tous d’accord, avec le fait que les arbres à nos fenêtres, ont les regarde bien davantage verdir au fur et à mesure que l’on avance dans le printemps.
Maintenant qu’une date existe de sortie relative, l’angoisse de n’avoir pas fait, pas assez, pas correctement, de ne pas avoir été capable de lire l’intégrale de Proust, ni de faire le grand écart malgré le yoga tous les jours, de ne pas avoir fait ces vidéos hilarantes et ces tweets qui ont amusé la galerie confinée.
PAS DE PANIQUE. Il n’y a pas d’injonction à réussir son confinement. Il n’y a pas de sens à ce confinement. Ce n’est pas la justice des dieux, si ce n’est celui vengeur du pangolin, cette artichaut des confins l’Est.
Noous avons davantage le temps de regarder nos voisins, et nous en faisons comme toujours, beaucoup trop : celles et ceux qui sont en général adeptes de la concurrence sont ceux qui font évidemment le meilleur confinement : ils sont sportifs, cuisinent bio, ont acheté de tout mais sans ruée vers les pâtes, ils bossent en écoutant Prokofiev et leurs enfants font du coloriage. Arrêtez.
Vous savez bien , comme me l’a dit cette amie que j’ai enfin pris le temps d’appeler, confinée à Grenade, que « si les applications mobilisent des centaines de gens payés une blinde dans la Silicon Valley pour créer de la dépendance, me faire générer de la dopamine et un esprit de comparaison et de concurrence, je n’ai aucune chance d’arriver vraiment à m’y opposer, toute seule, en n’y passant que cinq minutes par jour ».
Elle a bien raison. (Elle a peut être vu ce documentaire sur la dépendance aux réseaux sur Arte)
En confinement, il y a des habitudes qui restent, et notamment, vérifier que son confinement n’est pas plus naze que celui de la voisine. Et vous le savez, il y a toujours cette voisine plus cool en apparence, plus heureuse en apparence, qui a cette toute petite chose qui vous agace en plus de vous, qu’elle semble avoir avec une apparente facilité : un grand appartement quand vous êtes en chambre de bonne, une taille fine quand les réseaux pullulent de blagues grossophobes et que ça vous mine, qui vous fait des fiches de lectures très drôle sur l’intégrale de Deleuze qu’elle vient de finir. Arrêtez de vous infliger ça; c’est peut être vrai. Mais la détester vous enlève votre sommeil, vous détester vous empêche de profiter de VOTRE confinement. Lâchons prise, comme à l’aïkido : la force qui nous est arrivée dessus, nous ne savons pas encore l’utiliser contre elle, mais nous trouverons bien la solution dans les prochaines semaines.