NICE MATIN dans le supplément weekend interviewe Ophélie Latil, qui analyse l’absence de femmes à la tête des groupes jeunesse des différents partis politiques.
En effet, le journaliste de s’interroger au terme d’une longue enquête. Pourquoi n’ont été proposés ou ne sont médiatisés que des hommes ? Les femmes seraient elles absentes ?
Réponse : bien sûr que les femmes sont partout. En revanche on ne leur laisse pas toujours la place, et de ce fait, elles en prennent parfois une autre, dans une trajectoire parfois différente.
Ici par exemple on constate que l’engagement des jeunes femmes est très fort dans le secteur associatif, et beaucoup moins dans le secteur de la pure politique.
La dynamique du secteur montre un plus grand investissement des structures de l’action sociale ou humanitaire à la formation. Ce sont des espaces qui sont pensés pour le collectif, où les structures de réunion, les modes de décision sont plus souvent le fruit de décisions prises à la majorité.
A l’inverse les partis politiques et tout particulièrement en période de présidentielles entretiennent souvent, encore plus dans les mouvements de jeunesse, des poncifs liés à l’exercice du pouvoir, un leadership fort et agressif, des prises de décisions perçues comme charismatiques quand elles ne sont au final que le consentement vicié de groupes qui doivent soutenir une verticalité descendante.
Dans ce cadre, les jeunes femmes trouvent moins leur place, très souvent.
Un autre sujet est évidemment celui de la place et de l’image des femmes en politique. N’oublions pas l’importance du discrédit sur les femmes dans un espace trop souvent approprié par les hommes à travers l’histoire, du paléolithique à la IIIE République en passant par la Cité athénienne.
Les femmes en politique intériorisent (c’est à dire que ce n’est pas toujours conscient) TROIS axes de discrédit :
- la présomption d’incompétence : très rapidement, n’importe quelle femme politique subit des pressions liées au fait qu’elle est forcément incompétente. Ne maîtrise ni les enjeux, ni les sujets, n’a pas le bon ton, la bonne forme. Observez bien des candidates comme Pécresse, Rousseau, Taubira, Lepen avec une limite à cette dernière : elle est héritière et donc la caractéristique féminine de sa candidature est gommée par cet aspect. On peut très facilement identifier dans les critiques un faisceau commun.
- la sexualisation : jeune ou vieille ou vieillissante, maigre ou grosse, petite ou grande, pas maquillée / trop maquillée… Les femmes savent qu’elles s’exposent davantage au harcèlement et notamment au cyberharcèlement sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Le public est impitoyable et ne pardonne ni aux belles, accusées de n’avoir que ça pour vendre leur candidature, puis narguées de ne plus l’avoir à la moindre ride, ni aux laides qu’on accuse de vociférations frustrées.
- la diabolisation : héritage d’un système judéo-chrétien très binaire où Eve est une fille bien tant qu’elle reste dans l’admiration d’Adam, l’être aimé jusqu’à la servilité, mais devient un être démoniaque dès lors qu’elle souhaite assouvir sa curiosité (le vilain défaut des femmes, vous vous souvenez) et voler de ses propres ailes. Patatras, les femmes au pouvoir sont forcément guidées par la vanité, la soif de pouvoir, un ego démésuré. Elles sont dépensières, sanguinaires, incestueuses, monstrueuses. Regardez les classiques exemples de reines dites « de sang » bien célèbres pour des faits généralement inventés de toutes pièces pour les discréditer : Aliénor d’Aquitaine accusée de frivolité, inceste et d’avoir généré la guerre de 100 ans par un mari jaloux ; Elisabeth Bathory de tuer ses servantes par un cousin jaloux ; Catherine de Medicis d’avoir à elle seule convaincu de la nuit de la Saint-Barthelemy et d’empoisonner ses ennemis… Si de nombreuses femmes à travers l’histoire ne sont pas fréquentables (quelques exemples ici en catégorie Méchantes avérées ou inventées) force est de constater que généralement il s’agit de tentatives de discréditer la personne en lui prêtant des actions ou intentions qu’elle n’a pas.
Tout ceci est résumé très rapidement dans cet extrait du dossier sur les Jeunes et la politique paru mi janvier dans NICE MATIN. Extrait seulement car il faut soutenir la presse !
